Between Dusk and Dawn
Le disque des 60 ans de l'ensemble Ars Nova
> Date de sortie : 3 octobre 2025
Enregistrement réalisé en septembre 2024 à l’Auditorium du TAP - Poitiers // Label discographique : BMC - Records Budapest
De Juste Janulyte à Lisa Heute, en passant par Gregory Vajda, Édith Canat de Chizy et Jongsung Oh : voilà plusieurs générations de compositrices et compositeurs aux esthétiques singulières et diversifiées réunies dans le cadre d’un enregistrement phonographique ! De quoi constituer un panorama musical foisonnant qui met en valeur l’histoire de l’ensemble Ars Nova, acteur engagé du paysage musical créatif au service du patrimoine artistique de demain.

PROGRAMME
BETWEEN DUSK AND DAWN
- Jongsung Oh - A Horny Faun’s Rampage
- Édith Canat de Chizy - Spring // Collegium21, Prix Marius Constant 2021
- Justė Janulytė - Clessidra
- Gregory Vajda - Post-Apocalyptic Pastorale
- Lisa Heute - Du Lyrisme de l’obscurité // Hommage à Marius Constant
- Direction musicale : Gregory Vajda, Clémence Le Gac
- Direction artistique :Benoît Sitzia
- Prise de son et mixage : Christophe Hauser
- Régie générale : Erwan Le Métayer
> Les commandes musicales des œuvres “Du Lyrisme de l’obscurité”, “Clessidra”, “Post-Apocalyptic Pastorale” et “Spring” ont bénéficié du soutien de la Sacem / La Culture avec la Copie Privée.
> La commande musicale de l’œuvre “Spring” a fait l’objet d’un soutien en mécénat par Les Harpes Camac.
DISTRIBUTION
- Pierre-Simon Chevry– flûte
- Baptiste Gibier– hautbois
- Éric Lamberger– clarinette
- Philippe Récard– basson
- Carl-Emmanuel Fisbach– saxophone
- Cédric Bonnet– cor
- Matthias Champon– trompette
- Florian Varmenot– trompette
- Mathilde Comoy– trombone
- Igor Martinez– tuba
- Pascal Contet– accordéon
- Isabelle Cornélis– percussions
- Elisa Humanes– percussions
- Michel Maurer– piano
- Aïda Aragoneses Aguado– harpe
- Henri Gillig– harpe
- Catherine Jacquet – violon
- Marie Charvet – violon
- Benoît Morel– alto
- Isabelle Veyrier– violoncelle
- Lilas Réglat – contrebasse
BETWEEN DUSK AND DAWN : NOTE D'INTENTION ARTISTIQUE
Le présent disque, qui célèbre le 60e anniversaire de l’ensemble Ars Nova, est envisagé comme une photographie, un instant suspendu entre deux espaces, deux époques, deux mondes.
Entre le crépuscule et l’aube, il est permis de rêver. Hier n’est pas encore révolu et demain se nourrit encore du champ infini des possibles. C’est au cœur de cet instant précis où tout peut être – et tout peut encore s’imaginer – que nous avons souhaité faire vivre cet enregistrement.
Par son histoire et les innombrables rencontres et créations qui l’ont construite, notre formation instrumentale porte en elle la mémoire d’un monde que les bouleversements contemporains viennent questionner. C’est dans cette même mémoire unique et singulière qu’Ars Nova trouve aujourd’hui les ressources pour imaginer et créer de nouveaux récits qui inspirent et engagent les créatrices et créateurs de notre temps.
Comment faire sonner et mettre en résonance un monde dont on ne pressent encore que les tressaillements, les résistances et les aspirations ? Comment réenchanter l’écoute et les liens sensibles qui nous réunissent ?
Autant de questions que nous nous sommes posées en réunissant cinq compositrices et compositeurs de générations et d’expressions aussi différentes que surprenantes. De la furie à la contemplation, du printemps à l’apocalypse, en passant par l’irrémédiable marche du temps : « Between Dusk and Dawn » dessine un paysage poétique et sonore de l’agitation et de la lenteur, de la joie et de l’introspection, de l’obscur et du lumineux.
Une carte postale musicale, envoyée d’un endroit incertain d’où nous chantons pourtant avec résolution.
- Benoît Sitzia
LES ŒUVRES PRÉSENTÉES PAR LES COMPOSITRICES ET COMPOSITEURS
A Horny Faun’s Rampage – Jongsung Oh
Le Prélude à l’après-midi d’un faune a été composé par Claude Debussy au 19e siècle. L’œuvre fait preuve d’une grande originalité et présente de nombreuses caractéristiques uniques et atypiques pour son époque. Parmi les aspects distinctifs de l’écriture de Debussy figurent des approches compositionnelles totalement nouvelles, telles que les gammes ou les modes par tons entiers, un phrasé non conventionnel, de nouveaux rythmes et l’utilisation de la pulsation, des accords relativement libres de toute fonction tonale et une orchestration novatrice : une révolution, sachant que les oeuvres romantiques dominaient alors le monde musical. Aussi peut-on dire que l’oeuvre de Debussy a marqué le début de l’ère de la musique contemporaine.
En tant que compositeur, j’ai cherché à réinterpréter les fonctions du rythme, des accords et de la forme du Prélude à l’après midi d’un faune en les appliquant à la musique. Dans la mythologie romaine, le faune, qui était à l’origine un dieu à l’apparence mi-humaine mi-chèvre, est décrit comme étant d’une nature très gaie. Les récits le présentent également comme une figure comique mais fortement érotique, qui fait souvent des avances non-désirées aux nymphes.
Je me suis beaucoup intéressé au caractère du faune lorsque j’ai eu l’idée de cette pièce et j’ai essayé de reconstituer musicalement l’esprit de ce dieu de la forêt, de sorte que l’atmosphère générale de la pièce reflète mes impressions sur cet espiègle dieu de la nature. Le titre A Horny Faun’s Rampage décrit autant le concept de l’œuvre que les récits auxquels il fait référence.
Jongsung Oh
Spring – Édith Canat de Chizy
L’écriture pour deux harpes concernait surtout les grandes formations symphoniques du 19e siècle et du début du 20e (Debussy, Ravel, Roussel). Il est donc rare d’avoir une commande pour deux harpes et ensemble, telle que me l’a proposé l’ensemble Ars Nova. Le propos des deux harpes dans l’orchestre consistait à amplifier cet instrument.Ici j’ai pris le parti d’une écriture contrapuntique utilisant des modes de jeu divers et complémentaires, construisant ainsi un dialogue entre les deux harpes.
Par ailleurs, chacune est indépendante et interagit avec les autres instruments de l’ensemble. Le titre Spring correspond à la période pendant laquelle j’ai écrit cette pièce, évoquant ce passage de l’hiver au printemps, de l’ombre à la lumière, de l’immobile à la prolifération, par un travail sur les tessitures, les dynamiques et les mouvements.
Édith Canat de Chizy
Clessidra – Justė Janulytė
Commandée et écrite pour le 60e anniversaire de l’ensemble Ars Nova (Poitiers), Clessidra (« sablier » en italien) contient deux mouvements opposés qui se déroulent simultanément, se superposent et créent la métaphore musicale d’un sablier, avec une partie qui se remplit quand l’autre se vide.
Une couche de texture (vibraphone, accordéon et synthétiseur avec un timbre d’orgue) descend constamment depuis les harmoniques les plus élevées, tandis que le reste de l’ensemble (cordes, harpe et vents) étend progressivement son espace et ses dynamiques, jusqu’à ce que leurs trajectoires se croisent et fusionnent en un seul spectre.
Justé Janulytė
Post-Apocalyptic Pastorale – Gregory Vajda
Je nous imagine, êtres humains, dans un scénario apocalyptique, peu nombreux et démunis des progrès de notre civilsation désormais disparue. J’imagine qu’après avoir épuisé toute notre nourriture, notre eau et nos autres ressources, nous comptons les uns sur les autres, ainsi que sur tout ce qui reste et fonctionne encore pour nous sustenter. Nous devons quitter nos foyers si nous voulons survivre. J’imagine de petits groupes d’humains postapocalyptiques à la recherche d’électricité, qui se blottissent contre des réfrigérateurs bourdonnants ou se cachent près de générateurs électriques encore actifs. Nous ne sommes plus dans la sécurité de notre maison, mais nous ne sommes pas encore dans la nature sauvage.
Dans ma composition, les machines continuent de ronronner. Elles sont décalées par rapport à nos harmonies humaines bien tempérées, jouées sur des instruments débranchés, mais elles sont encore là, offrant un bruit de fond quelque peu réconfortant, une sorte de signal acoustique faible de jours bien meilleurs. Dans ma Pastorale, notre musique, et avec elle notre véritable essence humaine, tente de rester à flot. Des fragments de pièces musicales du passé, des harmonies familières, des mélodies que nous pouvions chanter par coeur résonnent encore autour de nous, et en nous. Cependant, dans ma musique, il n’y a pas de directions, pas d’arrivées ; il n’y a que des tentatives de redémarrage sans fin.
J’ai découvert ce phénomène dans un article de blog de Paul Watson, publié le 9 janvier 2020 sur lazaruscorporation.co.uk, intitulé « Post-apocalyptique pastoral and post-industrial ». Watson lui-même avait emprunté le terme à Terry de Toronto, dans une critique de livre publiée sur Goodreads. Terry – dont nous ne savons rien de plus – a proposé une belle définition du terme « pastorale postapocalyptique » grâce à des livres comme After London: or, Wild England (1885) de Richard Jefferies, ou The Road to Corlay (1978) de Richard Cowper. « En substance, nous voyons le monde à la suite d’une catastrophe qui a dévasté notre société, mais bien que l’horreur de cet événement ne soit pas diminuée, le monde de l’après est souvent perçu comme une opportunité de tout recommencer et, peut-être, de corriger les erreurs du passé. L’apocalypse nous permet, en effet, de repartir avec une ardoise plus ou moins vierge et il y a donc un optimisme sous-jacent au pessimisme implicite du genre. »
Gregory Vajda
Du Lyrisme de l’obscurité – Lisa Heute
Le lyrisme, contenu dans les élans saisissants du quintette, alterne avec des moments suspendus où les sonorités se troublent, se transforment et se désagrègent. Les musiciens sculptent une matière sonore toujours en mouvement, avec une part d’improvisation.
De ces magmas sonores se dégagent les différents instruments, révélant leurs palettes de couleurs et d’expressivité, faisant parfois naître la lumière de cette ambiance brumeuse. L’oeuvre est un hommage à Marius Constant dont la richesse et la pluralité de l’oeuvre m’ont inspiré la composition de ce quintette.
Lisa Heute
MENTIONS
Co-production : ensemble Ars Nova et TAP – Scène nationale de Grand Poitiers
Avec le soutien de la MMC - Maison de la Musique Contemporaine
Enregistré au TAP – Scène nationale de Grand Poitiers en septembre 2024
Directeur artistique : Benoît Sitzia
Enregistrement et mixage : Christophe Hauser
Création visuelle couverte du disque : Anna Natter / Cinniature
Production : László Gőz
Label manager : Tamás Bognár
2025 Budapest Music Center Records
BMC CD 377
www.bmcrecords.hu / info@bmcrecords.hu
